1/ Objet du programme
Ce programme bénéficie du Parrainage de l’Académie d’Agriculture de France et du soutien de l’Ambassade des Etats-Unis, et aussi des labels français et américain du Centenaire de la Première Guerre Mondiale. Il comporte près de 70 plantations de pacaniers (carya illinoinensis) dans des sites liés:
- d’une part à La Fayette (parti en 1777 combattre au côté des insurgés américains) et Thomas Jefferson (ambassadeur des Etats-Unis en France de 1785 à 1789) en souvenir de l’amitié franco-américaine scellée par le traité du 6 février 1778 négocié entre Charles de Vergennes, Ministre des affaires étrangères de la France, et Benjamin Franklin, représentant des Etats-Unis à Paris, et ensuite par la participation de troupes françaises envoyées en 1780 sous le commandement du Maréchal de Rochambeau et de l’Amiral de Grasse
- d’autre part des lieux marqués par la première guerre mondiale, tout particulièrement par les volontaires américains, venus à nos côtés au nom de cette longue amitié, et aussi 25 ans plus tard par la Seconde Guerre Mondiale pour la Libération de la France.
L’objet de ce programme et de l’association est donc de poser sur notre sol pour les générations futures des témoins vivants de cette longue relation.
2/ Choix de l’essence.
Le choix de l’essence a été dicté par la présence au château Carbonnieux d’un arbre connu sous le nom de « Noyer de Jefferson » et associé à la visite de Thomas Jefferson à l’occasion de son passage à Bordeaux fin mai 1787. Sa correspondance des années 1785-1786 contient plusieurs demandes à ses amis de lui envoyer des noix de pécan très fraîches « non pas pour manger, mais pour planter ». Ses échanges d’échantillons de la flore nord-américaine avec Buffon, Mr de Malesherbes, et Madame de Noailles, belle-mère de La Fayette, sont connus.
Cet arbre, de 4,5 mètres de circonférence et de plus de 30 mètres de hauteur, produit encore des noix fertiles. La comparaison avec un autre pacanier du Jardin public de Bordeaux, classé arbre remarquable et dont la date de plantation est connue, accrédite l’âge présumé de l’arbre du château Carbonnieux, ainsi tout désigné pour incarner cette longue et vivante amitié.
Il y a également, en Gironde, un pacanier de 5,30 mètres de circonférence avec un lien à la famille de Paul Revere, héros de la guerre d’indépendance. Ces arbres sont des témoins vivants de l’ancienneté des liens entre les Etats-Unis et la France.
3/ Symbolique de ces plantations
Les philosophes anglais du XVII° siècle, Thomas Hobbes, John Locke, et ceux du temps des lumières, David Hume, Montesquieu, J-J Rousseau, et aussi Thomas Paine, qui ont inspiré les révolutionnaires américains, et entraîné dans l’aventure américaine des esprits libéraux dont le modèle est La Fayette. La Déclaration d’indépendance américaine et la Déclaration universelle des droits de l’homme sont l’expression directe de cette inspiration.
En nouant alliance avec les Etats-Unis par le traité de Paris du 6 février 1778, la France reconnaissait l’indépendance des Etats-Unis 5 ans avant qu’elle soit effective et devenait ainsi le premier et donc le plus ancien allié des Etats-Unis.
Cette relation qui dure depuis 240 ans constitue un patrimoine immatériel commun à nos deux nations. Les vicissitudes de l’histoire et les aléas de la politique internationale l’agitent parfois sans l’avoir jamais ébranlée.
C’est ce sentiment commun qui a conduit à cet élan de générosité qu’a été la participation à la première guerre mondiale des volontaires américains, femmes et hommes, civils et militaires, qui sont venus participer à ce combat pour notre liberté. Outre l’effort militaire, nous ne devons pas oublier la générosité fraternelle d’Anne Morgan, fille du Banquier John Pierpont Morgan, venue avec ses amies au secours de populations sinistrées de Picardie, ni Norman Prince et de ses compagnons aviateurs fondateurs à Pau de l’escadrille Lafayette qui s’est enrôlée dans l’armée française en 1915, deux ans avant l’entrée en guerre des Etats-Unis, ni encore les nurses américaines de l’hôpital Bagatelle à Talence, ni enfin le Conservatoire de Musique américain du château de Fontainebleau qui célébrera son centenaire en 2021 ; prolongement de l’Ecole de musique militaire de Chaumont, voulu par le Général Pershing, c’est un des rares souvenirs heureux, peut-être le seul, de cette guerre.
Ces plantations doivent donc être comprises comme un geste de reconnaissance adressé au peuple américain, un geste historique et diplomatique comme l’ont été précédemment, la statue de la Liberté qui accueillait les immigrants européens dans le port de New-York, la statue de La Fayette, sur le cours la Reine à Paris, offerte par les filles de la Révolution américaine, mais ici un témoin vivant pour les générations futures. C’est pourquoi nous avons choisi le pacanier, arbre cher au cœur des américains, comme le chêne l’est pour nous; cet arbre présent au château Carbonnieux depuis 230 ans.